Vis Ma Vie de Coach - Episode 2/5 : "De l'apprentissage aux 1ers pas - Oups !"

  • lundi, 10 / 2 / 2020
  • Claire Couroyer

 DE L'APPRENTISSAGE AUX 1ERS PAS, OUPS ! Episode 2/5

Me voici donc de retour sur les bancs de l'école, 2 jours pleins par mois pendant 1 an chez IFG Executive Coaching, et bien sûr, toujours en travaillant parallèlement.

En ancienne Responsable du Pôle Learning & Development pour les directions du siège d'HSBC France (après avoir quitté la Finance et toujours par choix), je connaissais les ficelles de recherche et c'est comme cela que j'ai réussi à faire prendre en charge par le FAFIEC (OPCA Branche Conseil), l'intégralité de cette formation dont le coût total avoisinait les 9.000€ il y a plus de 10 ans.

J'aime apprendre et ces deux journées mensuelles représentaient une véritable bouffée d'oxygène et l'opportunité de faire connaissance avec nouvelles personnes, comme Ulrich André et Laetitia Petizon avec lesquels je suis restée très proche ; notre amitié s'est donc naturellement développée au fil des années. A ce jour, nous avons conduit de nombreuses missions ensemble et prenons toujours plaisir à le faire 10 après.

on s'écrivait des mots sur des bouts de papier ; de vrais gamins

Ce n'était pas encore la mode où tout le monde voulait être Coach et notre Promo était constituée d'une dizaine de personnes, ce qui permettait des interactions de qualité ; nous venions d'horizons très différents, ce qui créait une grande richesse dans le groupe. Chacun de nous a commencé à découvrir que derrière une image lisse, un visage, pouvaient se cacher des trésors, et parfois des drames personnels et/ou professionnels. Nous nous aimions bien dans l'ensemble. Et comme dans tous les groupes, nous avions une camarade qui était toujours un peu à l'ouest, mais elle finissait par nous faire rire.

Le niveau de développement personnel (travail sur soi) des membres de cette Promo était très variable, et nous n'étions pas tous égaux dans les exercices individuels comme collectifs. En ce qui me concerne, je travaillais déjà sur moi depuis 2002 quand je me suis fait coacher.

Nous avions 5 ou 6 professeurs différents, dont 4 avec lesquels nous passions beaucoup d'heures, et bien sûr, notre professeure principale, Luce Janin-Devillars, toujours tirée à 4 épingles quand elle arrivait. Nous n'étions pas toujours dans la même dimension, et je le dis avec beaucoup d'affection, mais tout ce qui sortait de sa bouche était passionnant.

Comme tous les élèves qui vont à l'école, et l'âge n'y change rien, nous pouvions parfois être dissipés, mais ça se voyait très vite et nous étions rappelés à l'ordre ; c'était drôle. Nous commentions pêle-mêle à commenter la tenue de tel.le professeur.e, le fait qu'il/elle soit bien luné.e ou pas, et quand on ne pouvait pas parler, on s'écrivait des mots sur des bouts de papier ; de vrais gamins.

J'aimais beaucoup notre professeure en sociologie des organisations (une dame dont le nom m'échappe), j'aimais beaucoup moins celui qui s'amusait à m'appeler par mon autre prénom : "Jeannette", quand il fallait lire quelque chose ou faire un exercice oral un peu difficile. Il était psychanalyste, très austère et nous ressortions toujours un peu déprimés de ses cours qui, somme toute, étaient très importants puisque nous y apprenions à détecter les structures psychiques. C'es sûr que parler de narcissiques, de manipulateurs pervers, de schizophrénie ou de pulsions extrêmes n'était pas hyper glamour, mais il fallait justement savoir les reconnaître. Au fil du temps, nous nous amusions de son petit côté tortionnaire :-)

Et puis le jour de l'examen, on a la boule au ventre

Nous avons appris énormément de choses : de la maïeutique à la relation client, en passant par d'autres thèmes. Nous avons aussi été formés-initiés à beaucoup d'outils (entre autres, la Programmation Neuro-Linguistique -PNL-, ou encore l'Analyse Transactionnelle -AT-). Nous avions une liste impressionnante d'ouvrages à lire ; bien sûr, nous ne lisions pas tout, pas tous. Nous devions beaucoup travailler, et faisions également de nombreux exercices ensemble, dont mon préféré : "acquarium ou bocal" (je ne sais plus trop le nom exact) : des entrainements de coaching en face à face entre nous ; des après-midis entières à s'entraîner (parce que le jour de l'examen, nous avions à le faire devant un jury inconnu), en plus du mémoire et de 2 autres "bricoles".

J'aimais aussi "la chaise chaude". Un sacré exercice où vous asseyez au centre de la pièce, seul.e sur votre chaise et face à vos camarades de classe, qui lisent chacun un mot, une expression ou une phrase positive représentant la perception qu'ils ont de nous. C'est là qu'on se rend compte que nous n'avons été "formatés" pour recevoir des compliments. C'est bouleversant et tout le monde finit par pleurer.

Par ailleurs, nous devions trouver des "cobayes", des bonnes âmes qui acceptaient de se laisser accompagner par notre petite compétence. En contrepartie, c'était gratuit. Heureusement ;-))

Selon moi, les trois éléments les plus difficiles à développer quand on se forme au coaching, sont :

  • l'écoute (parce que les gens écoutent souvent pour répondre et non pour comprendre. Parfois, je vous le concède, il y a des gens dont on se passerait bien d'écouter).
  • le rythme de l'autre (savoir accompagner l'autre dans le rythme qui est le sien, est une véritable prouesse, et j'ai failli sur ce point à plusieurs reprises ; aujourd'hui, je maîtrise).
  • la position basse (se mettre au service de l'autre, ne pas se présenter en Sachant, amener notre client à nous redescendre du piédestal sur lequel il/elle nous a souvent placé.e est une vigilance de tous les instants, car nous ne sommes pas des gourous et ne devons pas créer de dépendance avec nos coachés. Ils marchaient avant nous, ils doivent savoir le faire mieux encore après nous).

J'ai tellement de bons souvenirs de ma formation, que je pourrais noircir de nombreuses pages d'anecdotes. Et puis le jour de l'examen, on a la boule au ventre, de se voir attribuer une personne que nous ne connaissons pas, "le client", et que nous allons devoir coacher devant un jury qui scrute tous vos gestes, chaque mot que vous prononcez, sur une problématique que vous découvrez en live. Le saut dans le grand bain sans bouée de sauvetage ; tu nages ou tu coules. Quelques uns ont coulé.

J'ai vécu l'expérience de l'apprentissage

Il y avait aussi le dossier mémoire à rendre, et je devais plancher sur le futur des Organisations. Luce Janin-Devillars pourra le confirmer si besoin. J'ai écrit "L'entreprise de demain sera humaniste ou ne sera pas". C'était il y a 10 ans. Je me suis dit "ils vont me trouver totalement perchée, complètement barrée", mais j'ai assumé ma conviction et ai développé mon propos. 10 ans après, je l'affirme toujours et ai l'impression aujourd'hui que l'on trouve moins perchée.

Notre enseignement était riche et si c'était à refaire, je ne changerais rien. Mais comme pour la conduite automobile, avoir le permis de conduire ne signifie pas savoir conduire. Il y a des as du volant et il y a des satanas aussi.

Quand j'ai reçu mon sésame, j'étais très heureuse et me voyais déjà en haut de l'affiche. Jusqu'au jour où je concrétise mon 1er coaching payant et là, je me dis "ouf". J'ai vécu l'expérience de l'apprentissage.

Vous connaissez tous ce schéma ? C'est celui de tout apprentissage.

 


Reprenons le cas de ma Secrétaire Générale (de l'épisode 1) : elle ne savait pas qu'elle était aussi le problème ; en clair, elle ne savait pas qu'elle savait pas : c'est l'étape 1, celle de l'incompétence inconsciente.

Quant à moi, j'étais à l'étape 2, celle de l'incompétence inconsciente, puisque j'ai pris conscience au cours de cette mission que je ne savais pas accompagner l'humain dans sa complexité. La persévérance est la clé pour se rendre à l’étape suivante.

Quand on est certifié, on passe à l'étape 3 : la compétence consciente.
C'est le moment où nous sommes capables de coacher, tout en vérifiant régulièrement que nous ne sommes pas dans l'erreur, à faire valider par notre superviseur que nous avons bien analysé la situation, à vérifier que cela produit bien des effets chez le client. Nous sommes comme le danseur de tango qui fait ses pas, tout en répétant ses gammes dans sa tête. La fluidité et le style ne sont pas encore complètement au rdv.

vous vous débarrassez des outils, pour devenir l'outil de l'autre

Chaque coaching est différent parce que chaque client est unique. Même si nous constatons des similitudes sur des points, aucun de nous n'a le même vécu, la même identité, exactement le même environnement. Alors, on avance doucement, humblement. On évite les "gros poissons" trop tôt pour ne pas se casser les dents. Et on se rend compte progressivement de l'immensité des recoins de ce métier, de son exigence, de la patience que cela requiert à intégrer pleinement sa dimension de Coach.

La supervision nous y aide beaucoup, les groupes de pratiques entre pairs aussi, la curiosité et les lectures tout autant. Mais celui qui nous rend chaque fois plus compétent.e est notre client, car plus le sujet est complexe, plus cela nous pousse à grandir.

Il faut donc se poser une exigence forte : celle de continuer à se former chaque année pour développer son art et arriver à la 4ème étape : celle de la compétence inconsciente, qui demande des années de travail. C'est-à-dire celle où vous commencez à ressentir la maîtrise de votre technicité ; celle où vous pouvez accompagner et être face à des imprévus, sans ressentir de stress. Celle où vous vous débarrassez des outils, pour devenir l'outil de l'autre ; celle où vous avez confiance en votre compétence profonde et la mobilisez sans y penser.

Dans l'épisode 3 de la semaine prochaine, je parlerai de ces expériences avec différents superviseurs (là encore, pas tous égaux...), de groupes de pratiques et de formation continue, jusqu'à trouver celle où je me suis dit "Yes" ; celle qui est à l'origine de mon identité de Coach aujourd'hui, tout en la faisant évoluer sans cesse.

Claire Couroyer

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