« CONNAIS-TOI TOI-MÊME », ET POURTANT…

  • mardi, 15 / 11 / 2022
  • Claire Couroyer

De notre point de vue, la connaissance de soi reste encore largement insuffisante dans notre Société, où l’énergie dépensée est plus concentrée sur des éléments extrinsèques que sur des éléments intrinsèques. Et on peut raisonnablement se demander si ce n’est pas une partie de cette énergie exogène qui nous éloigne de notre essence naturelle et aboutit à la forte tendance narcissique de notre monde ultra moderne.

 Tout se dit et se contredit pour ce qui est de la connaissance de soi et du développement personnel. Il y a certes dans ce domaine particulier, bon nombre d’imposteurs et d’abus, tant et si bien qu’une certaine Julia de Funès, philosophe, publiait un ouvrage en 2019 sur le « développement (im)personnel » : tout le monde y est mis dans un grand fourre-tout, aspergé de vitriol, avec un résultat qui en devient caricatural et injuste pour celles et ceux qui ont une exigence de leur savoir-faire.

Je la rejoins cependant lorsqu’elle dit qu’il faut cultiver le point d’interrogation, car cela « développe l’intelligence de l’Homme et permet à chacun de mieux affirmer sa pensée et vivre sa liberté ».

Nous ne savons rien de l’Homme ou si peu

En philosophie, la connaissance de soi désigne généralement « la connaissance de ses propres états mentaux, c'est-à-dire de ce que l'on ressent ou pense, ce que l'on croit ou désire. Beaucoup de philosophes pensent que la connaissance de soi diffère nettement de la connaissance du monde extérieur (qui inclut la connaissance des états mentaux des autres) », et ils sont loin d’être tous d’accord.

Dans sa dernière interview accordée à John Freeman de la BBC en 1959, Carl Gustav Jung, dont nous utilisons un certain nombre d’outils et de méthodes, disait :
« Nous avons besoin de psychologie ; nous avons besoin de mieux comprendre la nature humaine, car le seul vrai danger qui existe, c’est l’Homme lui-même.
C’est lui le grand danger, et nous ne le savons pas. Nous ne savons rien de l’Homme ou si peu, et sa psyché devrait être étudiée car l’Homme est à l’origine de tout le mal à venir. Et je pense que si on pense selon les lois de la Nature, on pense alors comme il faut ».

A la question de John Freeman quant à savoir si le plus haut développement de l’Homme serait de submerger sa propre individualité dans une sorte de conscience collective, Jung répond clairement que cela n’est guère possible, car L’Homme ne supporte pas éternellement son annulation et que chacun est à la recherche de son existence propre et veut l’assurer contre une atomisation totale du néant ou de la perte de sens. L’Homme ne peut pas supporter une existence dénuée de sens.

l’'être humain reste possédé par sa persona

Pour Jung, la majorité des humains ne développent pas leur individualité, ils ignorent leurs possibilités qui leur restent "obscures", et ces énergies influent sur leur comportement, sans qu’ils puissent différencier la vraie part du moi, de la part manipulée par l’égo (persona).

« Une personne peut donc continuer toute sa vie à s'identifier à sa persona (son masque extérieur). Tant le jeune qui prétend être "libéré" en fumant de la drogue, en buvant de l'alcool, que la femme qui se croit "sexuellement libérée", ou que l'homme "sérieux", plein de principes qui ne tolère pas la moindre entorse à la moralité, tellement identifié à son prestige, à l'ordre, sa charge, son rang, qu'il doit vivre avec une rigidité extérieure inflexible, ils sont tous dirigés par leur persona. Cette identification au rôle extérieur de la reconnaissance sociale ou à un prototype éthique imaginaire ferme le moi à la voie du processus ». C.G. Jung appelle cette situation la "désindividuation", c’est-à-dire que l’'être humain reste possédé par sa persona (son égo).

une traversée de l’état infantile à l’état de l’adulte mature

Un autre élément majeur est d’intégrer que la connaissance de soi relève d’un processus dynamique et non statique, qui nous fait osciller d’un mouvement progressif à un mouvement régressif, et inversement. Jung appelle cela « l’énergétique psychique », ou encore le principe d’individuation, l’opposé de ce qui précède, et qui représente un processus par lequel une personne devient consciente de son individualité. Ce processus est une traversée de l’état infantile à l’état de l’adulte mature ayant une grande consciente de ce qu’il est et du monde extérieur qui l’entoure. Et c’est cet état de conscience qui lui permet s’adapter avec justesse en permanence à son environnement.

Une des raisons pour lesquelles nous sommes si peu stimulés à aller à la rencontre de notre intérieur, est qu’il s’agit d’un voyage pas nécessairement simple voire douloureux, et qu’il est plus aisé de maintenir l’image que nous voulons projeter que d’apprendre à connaître qui nous sommes réellement.

Et plus nous manquons de connaissance sur ce que nous sommes, moins nous sommes efficaces vis-à-vis de nous-mêmes ; c’est le principe d’auto-efficacité, directement lié à la connaissance de soi, introduit par le psychologue Albert Bandura en 1977 ; et cela a notamment une incidence sur notre aptitude à réussir dans une situation donnée, à réaliser des objectifs, à diminuer notre stress ou encore à mieux nous prendre en charge.

Conscience de soi interne – Conscience de soi externe

Selon le Harvard Business Review (HBR), il existe deux types de conscience de soi :

La "conscience de soi interne", appelée aussi « intelligence intrapersonnelle » par Howard Gardner. Elle représente la clarté avec laquelle nous percevons nos propres valeurs, nos passions, nos aspirations, l'adéquation avec notre environnement, nos réactions (y compris nos pensées, nos sentiments, nos comportements, nos forces et nos faiblesses) et notre impact sur les autres.

La « conscience de soi externe », appelée aussi « intelligence interpersonnelle » par Howard Gardner. Elle concerne notre aptitude à comprendre comment les autres nous perçoivent, en fonction des mêmes facteurs que ceux énumérés ci-dessus. Nos recherches montrent que les personnes qui savent comment les autres les perçoivent sont plus aptes à faire preuve d'empathie et à adopter le point de vue des autres.

Le schéma ci-dessous du HBR présente les quatre archétypes de conscience de soi qui peuvent exister chez un individu, en mettant en correspondance la conscience de soi interne et la conscience de soi externe.

 

On comprend ainsi l’importance d’apprendre à se connaître et de développer cette aptitude tout au long de notre vie, puisque rien n’est figé, rien n’est linéaire ou unilatéral, des états régressifs aux états progressifs vers lesquels nous passons, selon ce que nous vivons, sachant qu’aucune vérité n’est unique.

Pour tester un 1er niveau de conscience en soi, vous pouvez réaliser le questionnaire suivant (en anglais uniquement), et le faire réaliser à une personne qui vous connait bien, et obtenir votre profil « conscience en soi ». Alors à vous de jouer en cliquant ICI.

faisons le vœu qu’il en soit de même demain avec la connaissance de soi

Toujours selon des études menées par le HBR, et contrairement à la croyance populaire, l'expérience et le pouvoir entravent la conscience de soi, car les gens n'apprennent pas toujours par l'expérience (et l’Histoire nous le prouvent), que l'expertise n'aide pas les gens à déceler les fausses informations et que le fait de se considérer comme très expérimenté peut nous empêcher d’être vigilants, de chercher des preuves discordantes et de remettre en question nos hypothèses. De même que l'expérience peut donner un faux sentiment de confiance en nos performances, nous rendre trop confiants quant à notre niveau de connaissance de soi.

La conclusion du HBR qui rejoint la nôtre est que les leaders qui se concentrent sur le développement de la conscience de soi interne et externe, qui recherchent un retour honnête de la part de critiques bienveillants et qui demandent le quoi au lieu de pourquoi, peuvent apprendre à se voir plus de lucidité.

Nous avons toujours à apprendre sur nous et cela devrait être exprimé comme une fierté et non caché comme un élément honteux, fruit du jugement de notre Société de l’image.

Il y a 15 ans encore, le coaching professionnel était perçu comme quelque chose de tabou, réservé à des gens « qui rencontrent des difficultés ». Aujourd’hui heureusement, le regard évolue et le coaching professionnel, notamment de développement, est un peu plus perçu comme un signe d’intelligence de soi, alors faisons le vœu qu’il en soit de même demain avec la connaissance de soi, appelé aussi développement personnel.

Ces démarches, lorsqu’elles sont conduites avec sérieux, représentent une avancée fulgurante et une grande liberté pour celles et ceux qui décident de faire ce Voyage si passionnant vers eux-mêmes.

Et puisque nous parlons de Voyage, vous pouvez nous demander toutes les informations sur notre Voyage Héroïque par Cette adresse e-mail est protégée contre les robots spammeurs. Vous devez activer le JavaScript pour la visualiser. et/ou nous rejoindre le 2 décembre prochain en vous inscrivant ici.

Claire Couroyer

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