CONFIDENCES D’UN DIRIGEANT

  • lundi, 14 / 5 / 2018
  • Claire Couroyer

L’Intelligence Emotionnelle et Moi : un témoignage surprenant et impactant d'un homme qui dirige.

 

Scaphandrier ou Dauphin ?


Votre sensibilité est-elle une source d’intelligence, une source de stress, les deux ?
Vous considérez-vous « équilibré.e » sur le plan émotionnel ?

Etes-vous capable de percevoir le monde qui vous entoure ou y naviguez-vous comme un sujet étranger ?
L’armure que nous nous construisons nous protège peut-être, mais elle nous enferme aussi, puisqu’elle nous empêche de ressentir et d’entrer en résonance avec les autres.

Un dirigeant avec lequel j’ai récemment échangé, m’a autorisé à partager notre conversation pour, dit-il, que ça puisse entrer en résonance avec les autres. Je l’en remercie. A vous de nous le dire.

Préambule


Cela fait déjà un moment que nous échangeons…
Tout est parti d’une discussion avec une personne qui, a priori, comprend beaucoup de choses, jusqu’au moment où j’ai senti que mon discours était incompréhensible. Comme si, je me mettais à lui parler dans une langue étrangère qu’il ne comprenait pas. Et je ne comprenais pas qu’il ne puisse pas comprendre. Dialogue de sourds…

C’est une question de fréquences et de connexions.
De fréquence parce que lorsque deux individus émettent sur des fréquences différentes, ils ne peuvent pas se rejoindre et donc se comprendre.
De connexions parce que lorsque vous cherchez à toucher une partie du cerveau qui est éteinte, elle ne réagit pas et il ne se passe rien.

Nous discutions d’une personne de son équipe qui était fortement impactée par une situation ; situation qui allait avoir des conséquences au sein de l’entreprise. Le dirigeant voyait bien qu’il y avait un problème, était désolé pour cette personne, mais était aussi dans l’incapacité d’aller plus loin, d’être empathique et donc d’aider cette personne à résoudre un problème qui allait bientôt devenir celui du dirigeant.

Acte 1 – Chercher à comprendre


C « ça ne te fait rien ce qui se passe ? »
D « si, ça me navre, mais je ne veux pas aller plus loin »

C « pourquoi ? »
D « parce que j’ai peur. J’ai peur de me laisser toucher »

C « pourquoi ? »
D « parce que j’ai peur que ça me touche trop. Je ne suis pas là pour ça ».

C « ah bon ? Pourtant, ce problème risque de devenir le tien si tu ne fais rien »
D « je sais bien »
C « et ? »
D « et, je ne sais pas comment faire »

C « as-tu envie de savoir ? »

D « pourquoi pas, mais à condition que ça ne me fragilise pas. Je ne suis pas à l’aise avec les émotions des autres »
C « es-tu à l’aise avec tes propres émotions ? »
D « je ne les exprime pas et ça me protège »
C « ça te protège de quoi ? »
D « de ne pas avoir mal, de ne pas perdre le contrôle »
C « pourquoi as-tu peur d’avoir mal ? »
D « parce que je suis sensible, mais je ne le montre pas. J’ai une armure qui me protège des coups »

Acte 2 – Comprendre les représentations


C « ça voudrait dire quoi pour toi, exprimer une émotion ? »
D « ça voudrait dire, montrer mes faiblesses »
C « on est faible quand on montre ses émotions ? »
D « oui ».

C « quel est ton fonctionnement ? »

D « je suis rationnel, pragmatique et je n’ai pas envie d’avoir d’état d’âme »
C « et ça suffit selon toi ? »
D « non, mais c’est comme ça »
C « et développer ton intelligence émotionnelle, tu en penses quoi ? »
D « j’en pense que je n’ai pas envie de m’effondrer. Ma rationalité me permet de tenir »
C « ça te dit d’essayer ou pas du tout »
D « pourquoi pas. Mais je n’ai pas envie d’être uniquement dans l’émotion »
C « est-ce que j’ai dit ça ? »
D « non, mais c’est ce que j’entends. J’ai peur que développer mon intelligence émotionnelle, diminue mon intelligence rationnelle »
C « tu crois que ce sont des vases communicants ? »
D « oui »

Acte 3 – Faire émerger les bénéfices


C « tu ne cesses d’évoquer les risques à t’ouvrir aux émotions. Quid des avantages ? »
D « je suppose que ce serait bien »
C « ok. Mais encore ? Ce serait bien pourquoi ? »
D « pour être plus empathique, par exemple. »
C « il y a autre chose ? »
D « pour mieux comprendre les autres et mieux interagir avec eux »
C « tu es en train de me dire que l’intelligence émotionnelle t’ouvrirait à une meilleure relation avec les autres ? »
D « sûrement »

C « en as-tu envie ? »

D « ça me fait peur. C’est un peu l’inconnu pour moi »
C « en as-tu envie ? »
D « pourquoi pas »
C « pourquoi pas, ce n’est pas oui. En as-tu envie ? »
D « oui, mais pas trop loin quand même »

C « qu’est-ce que ça veut dire –pas trop loin- ? »
D « ça veut dire que je ne veux pas être que ça »
C « être que quoi ? »
D « que émotions »
C « et si nous construisions ensemble ce que tu as envie d’être, ça t’irait ? »
D « oui » « je crois que ça me fera du bien, mais j’ai peur quand même »
C « je sais que tu as peur, mais ça va aller et c’est toi qui décides du chemin. Ca te va comme ça ? »
D « oui ».

Synthèse et conclusion

Une personne normalement constituée sur le plan psychique, qui n’exprime pas ses émotions, n’est pas une mauvaise personne. C’est juste qu’elle ne sait pas, qu’elle ne veut pas, qu’elle n’ose pas pour des raisons qui lui sont propres et qui sont liées à son histoire personnelle.
Pour autant, cette conversation « intime » m’a permis de voir à quel point un être déconnecté de son monde et passer à côté de beaucoup de choses, juste parce qu’une partie de son cerveau est en mode « off ».
Et je comprends encore mieux pourquoi, à certains moments, nous pouvons tous avoir l’impression d’être dans « lost in translation ». On peut vraiment ne pas se comprendre si on ne cherche pas, si on n’explore pas. Mais cela suppose être en confiance et faire confiance est une démarche à risque pour celles et ceux qui n’expriment pas leurs émotions.
Cela permet aussi de comprendre pourquoi il y a du contrôle partout dans les entreprises.

L’intelligence émotionnelle est une source illimitée d’enrichissement personnel à celle et celui qui a envie de la développer. C’est grâce à elle que nous pouvons avoir des relations saines et constructives avec les autres, des interactions riches pour tous. Elle réveille des parties endormies de notre cerveau et permet une circulation plus fluide.

L’être humain est fait d’émotions et l’émotion, en soi, n’est pas un problème : elle serait même un début de solution.

« L’émotion est un signal d’alarme, une suite de réactions corporelles puis psychiques pour (vous) dire que quelque chose ne va pas, qu’il (vous) est arrivé quelque chose et qu’il est temps de ralentir pour entendre le besoin qui vous appelle !
Le seul problème est que, parfois, vous n’écoutez ni l’émotion, ni le besoin. Alors, votre cerveau fait tout un plat de ce qui pourrait être traité avec plus de justesse et de bienveillance.
Parce que l’émotion a du bon sens et une fonction. Elle est logique. Et c’est en vous familiarisant avec son processus et son message caché mais vital que vous pourrez vous sentir, non plus débordés, mais plus libres ».

Catherine Aimelet-Périssol

N'hésitez pas à nous poser vos questions en commentaires après avoir répondu à nos 2 questions sur le sujet.

 

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