RÉSILIENCE, la Couche d’Ozone Humaine à Développer

  • vendredi, 6 / 9 / 2019
  • Claire Couroyer

Telle la couche d’ozone, qui a un rôle protecteur sur les êtres humains et les écosystèmes en absorbant la plus grande partie du rayonnement solaire ultraviolet dangereux pour les organismes, la résilience nous permet d’absorber et de traverser les chocs générateurs de stress (traumatiques ou non), que nous vivons, sans laisser trop de traces. La résilience est donc protectrice pour notre équilibre psychique.

 

Commençons d’abord par sa définition. Et après de nombreuses lectures, je retiens celle de Boris Cyrulnik qui consiste à dire que « la résilience est un processus biologique, pyscho-affectif, social et culturel qui permet un nouveau développement après un traumatisme psychique ».

Nous pouvons également remplacer le mot « traumatisme » par celui de « stress » ou « choc » car nous vivons tous des événements personnels ou professionnels qui, sans être traumatiques, peuvent nous confronter.

Quelques exemples
Sur le plan professionnel : Transformation organisationnelle, changement de situation professionnelle (promotion, mobilité, nouveau boss, licenciement), expatriation, etc.

Sur le plan personnel : Changement d'environnement et de nos habitudes, changement climatique, déménagement, naissance, divorce, décès, maladie, accident, etc.

Capacité à s’adapter de manière flexible et ingénieuse aux facteurs externes et internes

Les deux grandes différences entre la résistance et la résilience viennent du fait qu’en cas de choc, le corps résistant s’oppose en restant rigide, mobilisant ainsi une grande force et source d’énergie pouvant aboutir à son altération durable, voire irrémédiable. A l’inverse, le corps résilient absorbe le choc sans s’y opposer, utilisant ainsi sa flexibilité pour le laisser passer et espérer revenir à son état initial. L'acceptation et le mouvement sont donc les 2 éléments différenciants entre la résistance et la résilience.

Et pour le dire d’une autre façon, la résilience d’un individu correspond à sa capacité à s’adapter de manière flexible aux facteurs externes et internes générateurs de stress, et à rebondir sans laisser une forte empreinte. L’empreinte, en éthologie (science du comportement animal et humain) et en psychologie, représente la mise en place quasi définitive d’un lien entre un déclencheur extérieur et un comportement instinctif (qui vise à se protéger et à se défendre).

Par exemple dans un cas de burn-out, c’est ce qui explique l’incapacité de la personne à retourner travailler dans le même environnement qui a généré son traumatisme ; ou encore la difficulté d’une victime à retourner sur un lieu où elle a été maltraitée.

Il est donc difficile d’appréhender son niveau réel de résilience tant que l’on n’a pas vécu une situation de stress important ou une situation traumatique. On peut néanmoins s’entraîner à développer cette capacité, pour pouvoir atténuer l’impact le jour où celui-ci se produit.

Et pour cela, il convient de se rappeler que chaque individu est composé d’un triptyque : le ça, le surmoi, le moi (théorie freudienne).

 MOI ÇA SURMOI

Le ça est “la partie la plus obscure, la plus impénétrable de notre personnalité ; la marmite pleine d’émotions bouillonnantes qui s’emplit d’énergie, à partir des pulsions, mais sans témoigner d’aucune organisation, d’aucune volonté générale. Le ça tend seulement à satisfaire les besoins pulsionnels, en se conformant au principe de plaisir. Le ça ne connaît et ne supporte pas la contradiction.” Freud.
En résumé, le ça est notre part la plus inconsciente, le réservoir de nos pulsions et de nos instincts, le gîte de l’hérédité, de l’inné ou du refoulé.

Le Surmoi représente notre « loi morale », l’instance qui définit ce qui est bien ou mal ; l’intériorisation des interdits parentaux, une puissance interdictrice dont le Moi est obligé de tenir compte, et ce, depuis notre enfance. C’est cette voix qui nous dit « il ne faut pas », sans que l’on comprenne réellement quelle est son origine. Le Surmoi est aussi le logis de nos croyances limitantes.

Enfin, le Moi, désigne la partie de notre personnalité qui assure les fonctions conscientes. Le Moi a pour mission « d’être le représentant de ce monde aux yeux du ça et pour le plus grand bien de ce dernier ».
En résumé, le Moi représente notre principe de réalité et celui qui assure notre sécurité et notre réussite. Il joue en permanence le rôle d’équilibriste et de médiateur intérieur en essayant de répondre aux intérêts respectifs du ça, du surmoi et du monde extérieur.

CONSCIENCE PRÉCONSCIENCE INCONSCIENCE

On peut donc comprendre pourquoi il est indispensable de travailler en permanence sur la partie la plus consciente de notre personnalité, le Moi, afin de l’aider à bien tenir son rôle de médiateur dans la durée, à ne pas disjoncter et à ne pas se laisser déborder par des pulsions, ou encore à commettre quelque chose de répréhensible.

C’est grâce à un Moi équilibré qu’une personne est psychiquement dans la structure dite de « normalité ». A l’inverse, on tombe dans des structures psychiques dites « limites », déviantes ou plus encore, pathologiques.

Lorsque l’on parle de résilience, on parle donc du Moi, puisque c’est lui qui se retrouve à affronter les contextes environnementaux immédiats et à long terme, et c’est aussi lui qui va façonner notre fonctionnement selon ce qui se passe dans ces contextes.

Dans la mesure où nous ne disposons pas tous du même Moi, nous ne sommes pas tous égaux face au stress ou face à un traumatisme. Deux personnes qui ont vécu la même scène, ne réagiront pas de la même manière.

Les défenses et comportements immatures (agression, régression, etc) sont nuisibles à la résilience. On peut d’ailleurs appeler cela de la « pseudo-résilience » qui se manifeste par une forme de rigidité de la personnalité, qui lui donne l’illusion de puissance et d’immunité au stress, mais aussi au bien-être.
A contrario, les fonctionnements psychiques qui témoignent de flexibilité et de maturité arrivent à être plus résilients.

Il est également intéressant de souligner que de nombreuses expériences ont démontré que les systèmes familiaux sains à multiples attachements représentent également un facteur de protection et favorisent la résilience.

Il s’agit d’une capacité qui résulte d’un processus dynamique et évolutif.

Même si personne ne peut prédire sa capacité de résilience face à un traumatisme ou un stress donné d’une part, et aussi parce que la génétique et la biologie déterminent les limites du possible d’autre part, il reste une marge de manœuvre importante pour travailler au développement de sa résilience. Selon l’importance et la nature du stress, les circonstances, les contextes et les étapes de la vie, et aussi selon sa culture, la résilience n’est jamais absolue, jamais totale, jamais acquise une fois pour toutes. Il s’agit donc d’une capacité qui résulte d’un processus dynamique et évolutif.

Ce processus dynamique et évolutif vous permet, entre autres, de savoir :
- si votre esprit est en mouvement,
- si votre mental est suffisamment entraîné,
- comment vos émotions sont engagées,
- stimuler votre vitalité,
- maîtriser votre stress,
- si vous êtes en surcharge mentale,
- comment vous êtes vulnérable, etc.

Et comme vous pouvez observer dans le schéma ci-dessous, les émotions représentent un actif, c'est-à-dire un capital positif qui nous aide à être résilient(e), à aller mieux. Nier ses émotions, les refouler ou ne pas accepter d'en tenir compte, nous fait plus de mal que de bien.

Savoir exprimer une émotion et savoir la reconnaître chez l'autre, nous entraîne dans un processus réparateur et vertueux. Faire le contraire, génère de grandes frustrations, ce qui développe le ça et met le Moi en danger.

SPIRALE ACTIFS PASSIFS
En conclusion, on peut travailler son processus de résilience de façon préventive sans être obligé(e) de vivre un traumatisme, en sachant détecter et mobiliser ses ressources, celles de son entourage et de sa communauté ; en sachant identifier et développer ses facteurs de protection.

Cela permet d’abandonner toute forme de déterminisme fataliste et toute idée de reproduction automatique des événements. D’une certaine façon, travailler et développer sa résilience consiste à se remettre en question pour se connecter à toutes ses forces et se connecter aux autres, car nous avons besoin des autres pour grandir.

Si ce sujet vous a plus et que vous souhaitez en savoir plus, nous serons ravis d'en discuter avec vous. Vous pouvez aussi nous laisser vos commentaires.

Et vous, êtes-vous résilient(e) ?

Claire Couroyer

 

Sources : Konrad Lorenz - Résilience : connaissances de base de Boris Cyrulnik, Gérard Jorland – Freud – C.G. Jung – Resilience Institute Europe.

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